mardi 4 août 2009

DATAROCK(lyte)

Derrière leur look de sportifs/branleurs et en dépit de la surabondance d'adjectifs musicaux les classant à la confluence de la pop funky, l'electro rock et la vieille new wave, se cache une formule sonore capable de prendre le contrôle de nos pieds, de nos têtes et de secouer le tout à notre insu. Leur faculté à passer du tube dancefloor à la ballade pseudo romantique volontairement surfaite est assez épatante.

Le jogging rouge résume tout : le tape à l'œil limite bling bling chelou, l'humour, le kitsch gavé, et connote assez bien le goût de la performance. Ce jogging, c'est aussi le "cague braille" de l'éternel adolescent qui se montre fier et pimpant comme un sous neuf dans son ensemble. A la frontière entre le frimeur et le looser. C'est sur ces deux facettes que le duo norvégien jongle adroitement, à tel point qu'on finit par ne plus savoir si on doit prendre au sérieux cette bagarre sonore. Finalement ils parviennent à nous faire tituber entre le fantasme du n.e.r.d qui tombe les filles à la pelle et le frimeur ringard qui crée un mix efficace au charme incontesté. Les ringos sont de retour.



Rencontre avec le gang bang des joggings flamboyants :




LCT / Pour commencer dans la joie et la bonne humeur vous pourriez peut être nous en dire plus sur vos influences, vos origines et ce qui vous a tout bonnement amener à la musique ?
DATAROCK / La thune, la thune et la thune. Nos sources d'inspiration ? Niccolo Machiaveli et Steve Job.


Il parait qu'on est là pour parler musique, mais les mecs, je peux vous dire qu'on est pas couchés : Pop, Funk, rock, electronic. Déjà que de nos jours il ne semble plus y avoir une once de classification valable, mais là, vous dépassez les bornes. Vous êtes tout bonnement inclassables. Je dirais juste que ce qu'il ressort à l'écoute de vos opus, c'est un sens aiguisé de la Pop Culture.
Carrément, du coup maintenant on fait tout et n'importe quoi. Michaël Jackson nous a tout appris.


Le côté ostentatoirement eighties, c'est par culte de la nostalgie d'une époque libérée ou c'est juste un trip ? Non parce que je me dis que vous auriez peut être kiffé faire de 2009 un autre 1980. A quelle époque vous auriez aimé vivre ?
En vrai, même si on aime du fond du cœur vivre dans le présent, on est plongé dans les années 70, le début des années 80 et tout ce que ça implique de pop. Je pense effectivement que la nostalgie de cette époque joue pour beaucoup mais c'est avant tout une inspiration instinctive qui nous guide dans l'écriture de nos morceaux sans que nous ayons à forcer le trait ou à en faire des caisses. C'est une sorte de leitmotiv "late seventies, early eighties". Mais attention pas les eighties genre Madonna, Samantha Fox, The Bros, Cindy Lauper, Sandra, et autre pelée de Kim Wild. C'est plus à base de Pop, on admire finalement les artistes qui ont tenté des choses, lancé des mouvements depuis la fin des années 70, du style Can, Velvet Underground... Tu vois toute cette mouvance post punk, new wave et no wave en particulier.


Est ce qu'un groupe plus qu'un autre vous a spécialement inspiré dans la confection de ce deuxième album ?
Et bien, en voici une liste :
The blog / Tron (The standout Disney motion picture featuring designs by Moebius, music by Wendy Carlos, more arcade games than any other movie, and a timeless conception of computer programs, not even surpassed by The Matrix).
Give It Up / China Girl by David Bowie (A hint of Kraftwerk, a dash of Romeo & Juliette and a spoon full of West Side Story).
True Stories / Talking Heads and Fela Kuti.
Dance / Cruisers Creek by The Fall and Dance Dance Dance by Haruka Murakami.
Molly / Molly Ringwald (the actress) and Cars by Gary Numan.
Do It Your Way / The Madchester era with bands such as Stone Roses, Happy Mondays, Charlatans, Inspiral Carpets, Ride and early Blur.
In The Red / The current financial crisis.
Fear Of Death / The Smiths, Morrisay, The Cure and Don DeLillo's "White Noice".
Amarillion / Second Life, social networking sights, A-ha and Prefab Sprout.
The Pretender / Suicide (believe it or not), "Return To Sender" performed by Elvis and the phenomena online identity manipulation.
Back In The Seventies / The Clash and The Police.
New Days Dawn / Scott Walker and "The Cook, the Thief, His Wife & Her Lover" by Peter Greenaway.


Qu'est ce que vous écoutiez durant la préparation de Red ?
Un peu de Stone Roses, Happy Mondays, Charlatans, Inspiral Carpets, Ned's Atomic Dustbin, early Blur, Ride, the La's, Cure, Morrisay and the Smiths, une pincée de Velvet Underground, Lou Reed, Suicide, James Chance, ESG, Television, Talking Heads et Fela Kuti, une touche de Roxy Music, David Bowie, Prefab Sprout, Prince, DEVO, Kraftwerk, Jean-Michel Jarre et de YMO, Une tonne de Michael Jackson et quelque trucs plus contemporains qui nous rentrait dans une oreille et ressortait de l'autre.


Et les mecs, pourquoi vous aimez le rouge ? Un traumatisme de jeunesse ?
C'est notre uniforme. Le survet' rouge c'est notre empreinte, pas de survet', pas de groupe !


Vous parlez beaucoup d'un concept foireux de philosophe du dimanche "love/hated technology". Dans les années 80 les gens n'attendaient que ça, l'avènement des outils high tech, ils envisageaient même ça comme un mouvement salvateur, genre "on va accéder au savoir de masse, on va s'éduquer, se robotiser, se faciliter la vie". Aujourd'hui les plus grands critiques de ce phénomène sont les geeks et les obsédés du net. Vous pouvez nous en dire plus sur votre addiction à la technologie et sur ses effets pervers sur votre musique ?
Ben ouais finalement on est tout le temps accroché à nos laptops et à nos portables comme n'importe qui d'autre mais en ce qui concerne notre musique, on est indépendant de toutes technologies. La plupart du temps on écrit sur du papier avec un raccord sonore à la guitare puis on trafique le tout en studio. On est assez vieux pour se souvenir de la vie sans les téléphones cellulaires et les ordinateurs portables. Quelque part tout ça me manque. Toutefois, sans le web, Datarock serait probablement un triste projet oublié ici à Bergen. On est très chanceux de vivre dans un monde peuplé de cyborgs.


Comment vous décririez votre plus grand moment de live ?
Notre Live à l'Elysée Montmartre le 15 Mai dernier. C'est comme ça que n'importe quel live en club devrait se passer.


Votre musique est un joyeux bordel. Je ne vous ai jamais vu en live mais j 'aimerais bien savoir ce que vous aimeriez qu'on se dise après une performance sur scène...
Que Datarock est un putain de groupe live et qu'ils ne se sont jamais autant amusés tout habillé.


Et qu'est ce que vous aimeriez que l'on pense de vous après avoir écouter votre album ?
Que Datarock est un putain de groupe et qu'ils ne se sont jamais autant amusés à poil.


Votre accoutrement de moine shaolin vous fait passer pour des mecs qui craignent rien. C'est quoi votre plus grande peur ?
Nous sommes des bad boys qui ne craignent rien, donc peur de rien.


Vous pouvez nous faire une petite blague norvégienne ?
Ça attaque toujours les Suédois, les Norvégiens d'autres parties du pays ou des professions bidons et honnêtement, elles sont toujours mauvaises ! Je ne peux pas t'infliger ça. Et puis on serait franchement mal vu...


Vous avez l'air de deux bonshommes hyper cultivés. "The world ends with you, cheering and dancing like you can dance through time". Je trouve cette incitation à la débauche très inspirée. Comment marche votre duo dans la création ?
Alors déjà, merci beaucoup d'avoir relever cette belle idée. Quand ça touche au processus de création, le schéma se complique. Nous ne sommes pas juste un Duo. Datarock est une sorte de force créative qui travaille avec certaines méthodes dont nous sommes les instigateurs et finalement le produit final. C'est un boulot d'équipe qui demande bien plus que notre mobilisation à tous les deux, donc en vrai je pense que le changement le plus radical que nous ayons connu jusqu'à présent ça a été quand le collectif s'est élargi à 50 membres.


Les spots qui vous font rêver (une scène, une ville, un festival) ? Et les mecs sur qui vous êtes prêts à mettre un billet (un artiste, un label, un producteur) ?
On a déjà fait et vu bien plus que ce dont nous rêvions, on a joué près de 600 shows dans plus de 30 pays, et honnêtement on a joué dans tous les endroits dont on rêvait quand on a lancé le groupe. Aujourd'hui on a très envie d'aller plus loin encore, dans des endroits plus exotiques. On aime jouer en Amérique Latine et en Asie du Sud Est. En Août là, on est programmé pour la Summer Sonic à Osaka puis à Tokyo, ça va arracher ! Notre souhait le plus cher, c'est de pouvoir présenter notre nouvel album et nos créations au reste du monde depuis la maison, Bergen. On est aussi à la tête d'un label qui s'appelle YAP Records, on produit à peu près 10 artistes plus nous donc tu vois finalement c'est avant tout la scène, la ville, les festivals et les gens qu'on aime plus que tout dans le business.


J'aime créer des espaces de dialogue. Quelque chose à ajouter pour la fin ?
Check nos myspaces et ici aussi, surtout celui de Karin Park et son album "Ash to gold" que nous avons produit dans les mêmes studios que notre dernier album, RED. C'est magique !



Quelques tracks illégaux :

Amarillion
True stories
Dance
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Post en collaboration avec Brain Magazine. Merci encore à Anaïs. Interview menée à la baguette par Mathilde & Da Capote.

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